Qualité des denrées, sécurité alimentaire, impact environnemental ou encore efficacité opérationnelle sont autant d’enjeux que les acteurs de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire doivent prendre en compte pour répondre aux différents impératifs économiques et sociétaux auxquels ils sont confrontés. L’innovation et la technologie occupent ainsi une place de plus en plus prépondérante pour y parvenir, les outils déjà disponibles et les solutions émergentes donnant à chacun d’entre eux l’opportunité d’être compétitif tout en s’inscrivant pleinement dans les codes du développement durable.

1. Introduction à l'innovation dans la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire

A. Qu’est-ce que la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire ?

La chaîne d’approvisionnement agroalimentaire englobe tous les acteurs et les procédures qui sont impliqués dans la production, le traitement et la distribution des produits alimentaires, jusqu’à leur consommation. Elle couvre ainsi un grand nombre d’étapes, qui vont de la préparation des sols ou des élevages dans les exploitations agricoles à l’arrivée des produits sur les tables des consommateurs, en passant par la transformation, l’emballage, le stockage ou encore le transport des denrées.

Plusieurs protagonistes interviennent dans la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire et jouent un rôle essentiel pour garantir la disponibilité, la sécurité et la qualité des aliments :

  • Les agriculteurs ;
  • Les fournisseurs d’ingrédients non issus de la culture ou de l’élevage ;
  • Les transformateurs ;
  • Les distributeurs ;
  • Les détaillants ;
  • Les consommateurs. 

Que ce soit sur le plan économique ou sur celui de la sécurité alimentaire globale, une bonne gestion de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire permet de minimiser les coûts, de réduire les déchets et l’empreinte environnementale, d’optimiser les ressources et d’assurer la fraîcheur ainsi que la qualité des produits. Elle se confronte ainsi à de multiples défis tels que la volatilité des marchés, les perturbations logistiques, les menaces sanitaires et phytosanitaires, ou encore les enjeux de développement durable. 

Dans ce contexte, l’innovation et la technologie ouvrent la voie à une chaîne d’approvisionnement plus agile, transparente et durable, qui peut donc s’adapter aux évolutions rapides du marché et aux impératifs sociétaux. L’adoption de solutions numériques, de l’automatisation ou encore de l’agriculture de précision constituent d’excellents moyens d’augmenter la productivité, d’améliorer la traçabilité des denrées, et de réduire l’impact environnemental de l’agriculture intensive et de l’industrie agroalimentaire.

B. Aperçu des technologies émergentes

L’innovation technologique façonne le présent et l’avenir de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire en introduisant des solutions novatrices pour répondre aux défis actuels. Elle contribue aussi directement à l’amélioration de la productivité, des niveaux de qualité et de sécurité, ainsi que de la durée de vie des produits. On retrouve ainsi parmi les technologies émergentes :

  • L’intelligence artificielle, qui permet par exemple une meilleure prévision de la demande, une optimisation des stocks ou une planification efficace des itinéraires de livraison grâce à la vaste capacité d’analyse de données. Elle facilite par là même la prise de décisions rapides et éclairées tout au long de la chaîne d’approvisionnement, de la production à la distribution.
  • La blockchain, utilisée pour maximiser la traçabilité des produits alimentaires, et ainsi garantir une totale transparence des exploitations à la table. Elle offre la possibilité de suivre chaque produit sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, ce qui améliore la sécurité alimentaire et la confiance des consommateurs.
  • L’Internet des Objets, ou IoT, dont l’objectif est de recueillir des données en temps réel à l’aide de capteurs et de dispositifs connectés quant aux conditions de culture, de stockage ou encore de transport des aliments. Les informations collectées contribuent à optimiser les processus, à prévenir les pertes et à garantir la fraîcheur des produits.
  • L’automatisation des tâches répétitives et la robotisation des procédés de récolte, d’emballage et de tri, qui jouent en faveur de la productivité et réduisent les besoins en main-d’œuvre. Elles soutiennent l’augmentation des rendements tout en réduisant les coûts opérationnels.
  • L’agriculture de précision, dynamisée par l’usage de drones, de satellites ou de capteurs de terrain, pour optimiser les ressources en eau, en engrais ou en pesticides. Dans un contexte où les normes de qualité agroalimentaire sont toujours plus strictes, elle permet une gestion plus durable des cultures en adaptant les pratiques agricoles aux spécificités de chaque parcelle.
  • Les emballages intelligents, capables de donner en temps réel des indications sur la fraîcheur des produits et de mettre en exergue l’approche de la date d’expiration des denrées. Ils prolongent la durée de vie des produits et réduisent la quantité de déchets alimentaires.
  • Les biotechnologies, source de solutions pour accroître la résistance des cultures aux maladies, aux nuisibles et aux changements climatiques, ainsi que pour développer des aliments qui répondent aux besoins spécifiques des populations.

Ces technologies émergentes participent chacune à leur manière à la modernisation de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire, et sont une aide précieuse pour répondre aux enjeux de qualité et de sécurité alimentaire. Leurs bénéfices s’avèrent aussi flagrants dans l’optique de mettre à profit des pratiques plus responsables et pérennes.

2. Les technologies qui impactent la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire

A. L’agriculture de précision et les automatisations

Véritables révolutions dans la manière de cultiver, de récolter et de gérer les productions agricoles, l’agriculture de précision et les automatisations ont un impact significatif sur la productivité des exploitations, ainsi que sur la qualité et la traçabilité des aliments. Ces innovations jouent nettement en faveur de l’amélioration de l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement, car elles participent à l’optimisation des capacités et des rendements d’un de ses maillons les plus importants.

L’agriculture de précision s’appuie sur des technologies avancées qui renforcent considérablement l’analyse et le traitement des données. Elle fournit des informations détaillées relatives à des facteurs clés tels que les conditions de croissance, la composition des sols ou les taux d’humidité, ce qui permet aux agriculteurs de mieux gérer leurs cultures et leurs ressources. Ce type d’agriculture s’avère bénéfique pour réduire les coûts et l’impact environnemental, ainsi que pour augmenter les rendements.

Les automatisations sont quant à elles des plus utiles pour minimiser les besoins en main-d’œuvre, pour délester les humains des actions redondantes et pénibles, et pour maximiser la précision et l’efficacité de certaines tâches comme la plantation, la récolte ou le désherbage. Ces systèmes automatisés constituent une réponse de choix face à la pénurie de plus en plus prégnante de travailleurs agricoles, et à la pression constante pour augmenter la productivité sans faire exploser les coûts.

En les combinant, agriculture de précision et automatisation font office de solution prometteuse pour réussir à nourrir une population mondiale en expansion continue, alors même que les effets du changement climatique s’amplifient et que les ressources naturelles sont de plus en plus limitées. Elles soutiennent également l’amélioration de la planification et de la coordination entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire, des producteurs aux distributeurs, grâce à une meilleure anticipation des flux de produits, une optimisation des stocks, et une réduction des pertes post-récolte.

L’adoption de ces technologies n’est cependant pas des plus simples pour les exploitants, puisqu’elle induit des coûts d’investissement élevés, requiert de solides compétences techniques, et rend nécessaire l’accès à des données fiables et à haut débit qui ne sont pas toujours disponibles dans les zones rurales. Une approche collaborative entre les agriculteurs, les fournisseurs de technologies, les chercheurs, et les pouvoirs publics est donc primordiale pour que ce développement puisse s’opérer dans de bonnes conditions, et en garantissant l’égalité entre petits et gros exploitants.

B. La gestion intelligente de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire

Basée sur une approche qui inclut l’intégration de technologies avancées comme l’Internet des Objets, l’intelligence artificielle ou le Big Data, une gestion intelligente de la chaîne d’approvisionnement contribue à une synchronisation et à une optimisation de l’ensemble de ses processus. Sa mise en œuvre est idéale pour accroître l’efficacité opérationnelle et la réactivité des différents acteurs face aux demandes changeantes du marché.

L’IoT consiste par exemple à placer des capteurs à différents maillons de la chaîne, que ce soit dans les entrepôts, dans les camions de livraison ou sur les produits eux-mêmes. Par ce biais, des données peuvent être collectées en temps réel pour connaître l’état des stocks, les conditions de transport ou le niveau de fraîcheur des denrées alimentaires. Gage d’une plus grande transparence, l’Internet des Objets aide à mieux anticiper les besoins, à ajuster la production en conséquence, et à réduire le gâchis alimentaire en anticipant les risques de rupture ou de stocks excédentaires.

Dans la continuité de cette solution technologique, l’intelligence artificielle transforme ces données en informations de valeur. Sa vaste capacité de traitement la rend capable de prédire les tendances de consommation, d’optimiser les itinéraires de livraison ou même de gérer de manière autonome les commandes et les stocks, garantissant une réponse plus rapide et adaptée aux fluctuations du marché. Elle permet également une meilleure gestion des risques en identifiant à l’avance les éventuels points de blocage ou les retards dans la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire.

Le Big Data combine enfin des volumes colossaux d’informations provenant de diverses sources, et offre ainsi une vue d’ensemble ainsi qu’une compréhension profonde des dynamiques de la chaîne d’approvisionnement. Il joue un rôle significatif dans la prise de décisions éclairées pour une allocation optimale des ressources, en se basant notamment sur l’analyse prédictive et sur des modèles de simulation.

Ici encore, la gestion intelligente de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire compote de nombreux défis. Des investissements conséquents doivent être réalisés pour se procurer et entraîner ces technologies, les équipes doivent être rigoureusement formées à leur utilisation, et la volonté d’une collaboration étroite entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement s’avère absolument nécessaire. Au vu de la quantité et de la sensibilité des informations échangées, les questions de sécurité et de protection des données doivent également être prises très au sérieux.

Malgré ces nombreux paramètres à considérer, les avantages d’une chaîne d’approvisionnement intelligente sont indéniables. Elle constitue la garantie d’une plus grande efficacité et d’une vraie résilience face aux imprévus, d’une meilleure gestion des risques, mais aussi d’une amélioration notable de la satisfaction des consommateurs grâce à une meilleure disponibilité des produits et à une réduction des délais de livraison.

C. Les technologies pour améliorer la durée de vie des produits

Alors que la lutte contre le gaspillage alimentaire est un combat de tous les instants, prolonger la durée de vie des denrées tout en maintenant leur qualité et leur sécurité est un défi majeur. L’utilisation de technologies innovantes est ainsi vectrice de diverses méthodes pour une plus longue conservation des produits, sans pour autant compromettre les standards de qualité et de fraîcheur qui doivent être strictement respectés.

Les emballages intelligents, qui sont composés de matériaux capables de réagir aux changements d’environnements et de donner des informations quant à l’état des produits, constituent l’une des solutions les plus prisées ces dernières années. Ils peuvent par exemple inclure des indicateurs qui changent de couleur pour signaler que la fraîcheur d’un aliment commence à se dégrader, ou ajuster leur perméabilité lorsqu’ils détectent des changements de température ou de composition gazeuse qui peuvent affecter l’état et la qualité des denrées alimentaires.

Les emballages à atmosphère modifiée (MAP) sont pour leur part mis à profit pour améliorer la conservation des produits alimentaires. Ils permettent d’ajuster la composition gazeuse à l’intérieur de l’emballage pour ralentir la croissance microbienne et l’oxydation. En modifiant les niveaux d’oxygène, de dioxyde de carbone et d’azote autour du produit, ils peuvent significativement prolonger la durabilité des aliments frais emballés, à l’instar des fruits et des légumes, de la viande et des produits de boulangerie.

La technologie de traitement par haute pression (HPP) est une autre innovation qui participe au prolongement de la durée de conservation des aliments, et à la préservation de leurs qualités nutritionnelles et organoleptiques. L’utilisation de très hautes pressions pour inactiver les micro-organismes pathogènes sans recourir à la chaleur aide à maintenir intactes les caractéristiques initiales des produits. Cette technique est des plus efficaces pour les produits frais, car elle prolonge leur durée de vie de plusieurs semaines sans faire usage d’additifs chimiques.

Bien que très prometteuses, ces innovations technologiques doivent être rigoureusement évaluées pour garantir le strict respect des normes de sécurité alimentaires, ainsi que pour être acceptées par les consommateurs. Leur emploi peut aussi impliquer des coûts supplémentaires, et nécessiter une adaptation des lignes de production dans la chaîne d’approvisionnement. Elles se positionnent néanmoins comme des garantes de la réduction du gaspillage alimentaire, et pourraient à terme être synonymes d’une rentabilité accrue pour les producteurs et les distributeurs.

3. Quels sont les défis et perspectives d'avenir ?

A. Intégration des technologies dans les exploitations de toute taille

Face à l’accélération des avancées et des innovations technologiques, la capacité des exploitations de toute taille à s’y adapter et à les adopter s’avère capitale pour garantir leur compétitivité sur le marché agroalimentaire, et pour réussir à conserver leur place et leur rôle dans la chaîne d’approvisionnement.

Pour les petites exploitations, cette mutation constitue un défi d’ampleur en raison des coûts d’acquisition, et de la complexité d’implantation et d’utilisation de ces technologies. Néanmoins, des solutions plus accessibles émergent progressivement pour leur permettre d’améliorer leur productivité, sans que cela ne constitue un investissement colossal. Des initiatives et des programmes de soutien, qui prennent la forme d’aides financières et d’accompagnements techniques, ont en effet pour but de faciliter l’accès aux innovations technologiques pour les petits producteurs.

Les moyennes et grandes exploitations, qui ont pour leur part plus de moyens, voient l’intégration de technologies avancées devenir un levier stratégique pour optimiser les différentes tâches et opérations, réduire les coûts, et améliorer la traçabilité et la qualité des produits. Ces entreprises sont la plupart du temps en mesure de piloter des projets d’innovation ambitieux, de développer des partenariats avec des experts de l’innovation, ou d’investir dans la recherche et le développement pour adapter ces outils et solutions à leurs besoins spécifiques.

L’un des principaux enjeux de cette évolution technologique est de dispenser une formation adéquate et de développer les compétences numériques de la main-d’œuvre agricole. La formation continue apparaît ainsi comme une composante essentielle pour permettre aux agriculteurs et aux exploitants de tirer le meilleur parti de ces différentes innovations, les positionnant non seulement comme des utilisateurs, mais aussi comme des acteurs de l’innovation dans leurs pratiques quotidiennes.

Une réflexion stratégique permanente doit aussi être menée quant à la manière dont ces technologies peuvent s’inscrire dans une démarche de développement durable, en contribuant notamment à la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement agroalimentaire plus respectueuse de l’environnement et des impératifs sociaux. L’adoption de technologies vertes, l’optimisation des ressources naturelles et la réduction de l’empreinte écologique des activités agroalimentaires font office d’impératifs majeurs pour les années à venir, avec pour horizon le déploiement d’une agriculture intelligente et raisonnée.

B. L’importance de la collaboration entre les acteurs dans cette transformation

Afin que cette mouvance technologique s’opère dans les meilleures conditions, les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire doivent réussir à collaborer efficacement et intelligemment pour réussir à élaborer un écosystème innovant, performant et pérenne. Ce partenariat transversal inclut autant les agriculteurs et les exploitants que les transformateurs, les distributeurs, les détaillants, les entreprises technologiques, les institutions de recherche, les gouvernements et les organisations non gouvernementales.

Les gouvernements et les institutions publiques ont notamment un rôle de catalyseur à jouer. En faisant évoluer le cadre réglementaire en faveur de l’innovation, en mettant en place des incitations financières à la transition technologique et en soutenant la recherche, ils facilitent l’adoption de ces nouveaux outils et de ces solutions novatrices en contribuant à les rendre accessibles à tous. Ces entités doivent aussi veiller à ce que cette transformation numérique s’inscrive dans les codes du développement durable, dans une optique commune de préservation des ressources naturelles et de renforcement de la sécurité alimentaire.

Au cœur de cette dynamique, les organisations non gouvernementales sont elles aussi investies de missions de premier ordre. Elles agissent souvent comme intermédiaires en facilitant le dialogue entre les différentes parties prenantes, mais aussi comme observatrices averties qui doivent s’assurer que les innovations technologiques ne creusent pas les inégalités entre les différents maillons de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire, et qu’elles soutiennent réellement les impératifs de sécurité et de qualité alimentaires ainsi que la protection de l’environnement.

La collaboration entre ces différents acteurs ne se cantonne pas à la mise en commun de ressources et de connaissances, car elle implique aussi la construction de projets pilotes communs qui peuvent servir de modèles pour les générations actuelles et futures. Cette approche est l’assurance d’une transformation numérique et technologique inclusive, équitable et bénéfique à tous, qui constitue la promesse d’un futur agroalimentaire où innovation rime avec vision de long terme et prospérité. 

Pour aller plus loin :

Pour en apprendre encore davantage autour de cette thématique, n’hésitez pas à consulter notre blog easiware sur lequel vous retrouverez d’autres articles consacrés au domaine de l’agroalimentaire, mais aussi un large panel de ressources qui abordent tous les aspects essentiels de la relation client.